mardi 28 décembre 2010

mère d’un million de rêves avortés



Je suis la mère d’un million de rêves avortés. J’ai avorté parce que je ne pouvais plus rien garder dans mas bras. Je n’ai pas su nous sauver. Ici, on survit, on ne donne pas la vie. Que pourrai-je t’offrir mon enfant à part la désillusion et l’absence ? Je ne suis que l’ombre de moi-même. Le seul besoin que j’éprouve constamment est celui de partir vers une terre d’asile où il n’y aura qu’exil. La torpeur et l’ignorance ne laissent rien à la vie.
Mon monde est en décomposition. Les hommes se désintègrent. La planète agonise. Nous avons succombé, nous sommes devenus des pourritures ambulantes, nos rues empestent l’odeur acariâtre de la prostitution et du vice. Nos demeures deviennent les unes après les autres le théâtre d’une tragédie racinienne. On s’y tue, on s’y trahit, on s’y vend, rien n’a plus de valeur à nos yeux aveuglés. Se pourrait-il que je donne la vie en ces bas lieux, en ce bas monde ? Tu te tueras, tu me maudiras, tu t’éloigneras et tu partiras en méprisant le ventre qui t’a porté . Tu n’auras pas de nom, tu n’y auras pas droit.
On ne t’aimera pas parce qu’ici l’amour est un luxe qu’on offre à ceux qui le payent. On te terrorisera parce que la terreur est notre langage à la mode.
On t’humiliera pour que tu ne croies plus en toi, pour que tu ne croies plus en rien.
Qu’ai-je à t’offrir pour te garder, même mon cœur aura succombé à force de souffrances avant que tu n’aies vu le jour !
Je ne pourrai pas te protéger, la protection est le droit des riches états, ici, nous nous mourrons.
Fils de la terre, tu devras mourir.
Ta mère est occupée
Pourquoi te mettrais-je au monde ? Pour que tu les voies la détruire, pour que tu voies les incendies ravager ses terres ou pour que tu ramasses les cadavres du matin au soir ? Tu ne seras jamais le fils de l’erreur et l’enfant de la honte. Va mon enfant pars ! Que ta nuit sois celle de l’amour et de l’oubli ! Oublier est mon seul réconfort. Je t’écrirai souvent, je nous écrirai souvent, je ne te laisserai pas mourir, je te bercerai dans mes rêves, tu grandiras avec mes désirs.
Pars, meurs tu me pousses à la folie ! je ne sais plus qui je suis dès que je rentre je te cherche partout dans les méandres de ma vie, je fouille les armoires, les casiers quand tu n’y es pas j’ouvre mes livres, mes romans, ma poésie, quand tu n’y es pas non plus je prends une feuille de papier et je te cherche au bout d’une ou deux pages je me rends compte que je t’ai mal écrit, que je t’ai affreusement décrit je déchire je recommence je ne te retrouve plus tu n’es plus le même une feuille avant tu étais moins douloureux ! Reste si tu veux rester, je partirai et emporterai de toi le souvenir et le secret !

1 commentaire:

  1. hey , bent Trad,
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