mardi 24 janvier 2017

Alcatraz


Elle s'installa dans son fauteuil bleu. Il dormait. Elle voulait le couvrir, le caresser, effleurer son souffle, mais la dernière fois, elle faillit y laisser sa peau. Elle renonça, non sans douleur. Elle jeta un regard furtif sur la chambre, personne n'était venu. Tout le monde  a fini par céder sa place aux anxiolytiques et autres merdes. 

Elle prit le livre, qu'elle avait commencé à lui lire, depuis une semaine. Elle lui lisait les correspondances d'Anaïs Nin et Henry Miller. Des fois, à certains passages, elle s'étouffait, une grosse boule bloquait sa gorge et sa respiration; à ces moments, il la regardait et le temps d'une seconde, il semblait être là, plus vivant que jamais. Ce livre semblait lui plaire, il écoutait en regardant le mur, quand des fois, elle voulait faire une petite pause clope, elle l'entendait gémir. Elle renonçait.  Elle ne savait que renoncer, avec lui. 

A 18h, les bourreaux rentrent, ils la chassent, lui fait sa crise quotidienne habituelle. Il se débattait, crachait, vociférait des insultes,  pleurait, s'arrachait les vêtements, la haïssait. Il était rare qu'à 18h, quand elle était sur le fauteuil bleu, les larmes ne fussent pas au rendez-vous. Ejectée, elle sortait, titubante de douleur, elle s'arrêtait dans le couloir, pour entendre un instant ces appels au secours, qu'elle était la seule à déchiffrer mais pour lesquels, elle n'avait aucun remède. 

En sortant, elle se posait toujours sur la deuxième marche du perron, elle grillait sa clope. Elle s'attirait quelques regards complices. Elle se laissait étreindre par des yeux, souvent aussi rouges que les siens. Une fois, la dunhill grillée, elle se relevait et marchait telle une ombre sur le long chemin qui menait vers une porte en fer digne d'Alcatraz.



" Qui suis-je pour toi ? que reste-t-il de moi en toi ? Te rappelles-tu de nos jours heureux ? était-ce seulement des jours heureux? Jamais, tu ne m'as dit mot sur ce que je t'offrais; ton silence a eu raison de ta raison. Si seulement, j'avais su, je n'aurais jamais existé. Combien de fois, je me suis retranchée dans l'absence pour te libérer, combien de fois je me suis retranchée dans les abîmes des corps pour te libérer, combien de fois, j'ai plié bagages, sans laisser mot, pour te libérer... J'ai cru bien faire ! et me voilà, là tous les jours, écopant, avec toi, de cette prison, de tes absences-morphinées, de tes insultes- laroxyléennes ! Et je viens, je lis, je te regarde, je t'enveloppe de ce qui reste en moi de tendresse et je je fatigue. J'ai vieilli, j'ai maigri, j'ai des cheveux gris, des rides se dessinent sur mon coeur, je me sens prête pour le saut final, celui-là même qui me libérera de tout, de tous, de toi, de ta folie, de ma douleur ... je ne reviendrai plus jamais mais je reviendrai demain ... " 

Le fauteuil bleu avait disparu. Béate, elle demanda " il est où le fauteuil ? ". Une voix pleine de pitié répondit : " Il a demandé qu'on le sorte." . Elle sourit, un sourire-larme. Son pot de basilic avait aussi disparu.  Il l'a massacré, elle apercevait quelques graines de terre ici et là. Elle re-sourit. Elle admettait, abdiquait, se rendait à l'évidence.  Elle sera toujours aux marges de sa vie. Il allait, la chasser, encore une fois. 

Il entra. Il avait meilleure mine. Ses yeux étaient différents. Son regard se posait sur les choses, jamais sur elle. Il se mit devant la fenêtre. Elle en profita, pour le déshabiller, l'embrasser du regard, pour le serrer contre elle, passer le bout de son regard-lèvres sur son tatouage, sur sa nuque, sur son cou et retint un souffle de désir qui aurait failli à l'objet de sa présence. De dos, il n'avait pas changé, il était toujours son rempart contre la merde qu'était la vie. Le silence qui paraissait durer depuis une éternité fut rompu par sa voix :" Ne reviens plus jamais!". Elle se figea, ses membres avaient disparu. Elle voulait avoir des explications, comprendre mais elle savait, pertinemment, qu'il ne dirait rien, qu'il se murerait comme toujours dans le silence. Elle se releva, lui sourit, lui murmura un "je t'aime" tremblant et sortit. Au bout du couloir, elle les vit courir, bousculant tout le monde et comprit. Il avait pris l'habitude, à chaque départ, vers 18h, de tout saccager. Cette fois, elle déchiffra à peine, dans l'agitation et l'angoisse, un "je t'aime" meurtri. 

Elle sourit. Elle s'arrêta sur le perron, fumer sa Dunhill. Une fois la clope grillée, elle marche, vide tel un trou noir jusqu'à la porte d'Alcatraz. 

" Tu es mon seul et unique amour. Tu es la lumière de mes jours. Tu es les étoiles de mes nuits. Tu es mon souffle quand la vie me fuit. Tu es ce que je suis . Je ne reviendrai jamais mais tous les jours, je serai, avec toi, ailleurs - j l'espère- mais même ici !" 

Elle s'installa, dans son fauteuil, chez elle, et se revit heureuse, le temps d'un rire aux éclats et s'endormit ... 

mercredi 4 janvier 2017

كان ...




كان هزّيت خطاويك راك خلطت عليّا ...
رانا ضعنا و لقينا ثنيّة 
أمّا سكنك السكات 
شبت و ملكك الثبات 
لاعاد وين يطيح الهبال تبات 
و لاعاد تعرف تحكي حكايات
كان هزّيت عينيك شوية راك خلطت علينا ...
زوز و بوسة مغطيّتهم ياسمينة
رانا مشينا و ما إرتاحناش
أمّا كلاك الوقت
لا عاد تعرف تعزف
و صوتك ضاع كيف جيت تغنّي ...
كان هزّيت جواجيك راك خلطت على روحك
رانا ضحكنا بعد ما بكينا
أمّا إنت إخترت تكون هايم بين الناس
 من بدن لبدن و تبدى و توفى مع كاس ...

Quelques pas ...

Quelques pas ...

Il suffirait de quelques pas ...
pour que le rêve, jamais, ne s'achève
pour que la vie, éternellement, soit une trêve
pour que le temps, un instant, devienne éternité

il suffirait de quelques pas ...
pour que mon cœur atteigne le septième ciel
pour que l'amour récupère ses flèches et ses ailes
pour que rires deviennent arcs-en-ciel

il suffirait de quelques pas ...
pour que les espoirs redeviennent
et que les plaisirs se souviennent
et que les envies se déchaînent
et que les musiques se déploient

il aurait suffi de quelques pas ...
pour une ultime danse
pour des adieux en silence
pour un baiser sans souffrance

il aurait suffi de quelques pas ...
mais le mensonge fige ...


dimanche 18 décembre 2016

مع بقية الأسرار ...



موش العيب انّك خلّيتني 
و لا العيب انّك هدّيتني 

العيب انّك مدّيتني بعد ما ودّيتني 
موش غلط انّك هجرتني 
ولاّ غلط أنّك غدرتني
الغلط انّك الجواجي حيرّتلي 
و نبتّلي حبقات و لمّيتهم في محبس
و ضيفّتلي عصافر و حشّيتلي الأغصان
و جبتلي عود و كمنجة و تلهوثت عالالحان 
موش الخايب انّك اخترت السكات
و لا الخايب انت ترقد و انا فايقة نبات
الخايب انو عشقتنا طلعت تشبّه لكل الحكايات 
موش الصعيب انّك تنسى و تطمان 
و لا صعيب انّك تحيا و قلبي يدوان
الصعيب إنّك تصوّر بعد ما كحالو الالوان 
رجعّتني للحلم بعد ما قبلت بحقيقة الأوهام
هرّبتني مالظلمة و الظلم و بعد سلسلتني مع الآلام
دفّيتني من برد الهجر و طيشتلي قلبي فدنيتهم حافي عريان 
موش حرام اني بروحي لفّيتك 
ولا حرام اني في الظلام بنور عينيا ورّيتك 
الحرام انّي في آخر تركينة منّي وشمة مدّيتك 
موش خسارة عطيتني ليك مشموم
و لا خسارة اني خسرتني بعدك كلّ يوم
الخسارة انّو بعد العزّ رجعنا للوقت المشوم
هديتلي اوراق و بلومة و هربتلي بالحبار
كتبتني موزيكة و طيشتني عقاب كاسك كالبحّار
قرّبتني مالنجوم و دفنتني تحت الهجر مطلع النهار 
... العيب و الغلط و الخايب و الصعيب و الحرام ... انّك لمّيتني مع بقية الأسرار



قبل ما يوفى الكلام ... كليمتين ...

قبل ما يوفى الكلام ... خلّيني نقول كليمتين :

كان وفى عليك الهبال تفكّر ضحكتنا 
كان تقصّ عليك الهوى تفكرّ شطحتنا 
كان هرب عليك الخيال تفكرّ حلمتنا 
و كان وفى عليك الكلام ... أسمع غنايتنا 

إذا الدنيا ظلامت تفكرّني نقول صباح الخير 
إذا الصباح مسّى تفكرّ هربتنا عقاب الليل 
إذا الليل توفّى تفكرّ الي عشقة بين النجوم خير 
و كان وفى عليك الكلام ... أسمع غنايتنا 

كان الساعة تولّي سنين تفكرّ العمر في غزرتنا 
كان الدهر يولّي رزين ما تنسى النار بين يدينا كيف شعّلتنا 
كان الوقت يولّي حزين تفكرّ الوجيعة بعد الهجر كيف سكنتنا 
و كان وفى عليك الكلام ... أسمع غنايتنا

قبل ما يوفى الكلام ... نحبّ نزيد كليمتين :
حييت في كلامك نجمة و نسيت كلام الليل مدهون بالظلام
عشت في أنغامك وردة و تناسيت إلي بليغ وفى بين الهجر و النسيان
ولّيت بين ضلوعك نسمة و خبّيت على روحي إلّي ضلوعك بهوى آخر مليان
كبرت بين أيامك حلمة و ريت الحلمة تشيب كيف هرب عليك الكلام




حبّيت نقول كليمتين ...
 للنجوم الّي تسأل فيا ياخي هالسحاب منين ؟
للياسمينة الي إتّكات عليّا و قتلي ريحة هالجيفة منين ؟
للخطيفة الي طلّت عليا و سألتني جيتك في ربيع هالصقنطري منين ؟
للألحان إلي هجروا جواجيا و قالولي شبيك قبر بارد، مهمّل و حزين ؟

 ....غنايتنا طفات شمعة في دروج كيف يتفكرّ ينين 


lundi 26 septembre 2016

Du danger d'écrire ...


   

Depuis un moment, j'ajourne ce face à face avec la page blanche. Je n'ose  ni lui faire face, ni m'en détourner une bonne fois pour toute. Je suis prise en otage, de mots qui me hantent, qui façonnent mes rêves, mes cauchemars, mes moments, mes instants même les plus enfouis. Souvent, ces mots se dérogent de mon oubli volontaire, ils s'invitent comme ça , sans prévenir, sans s'être annoncés, modifiant le cours de mon existence.

 Ces mêmes mots se croient tout permis, ils triturent, ils raturent, ils corrigent, suppriment , ponctuent, tout et des fois rien. Quand les mots sont là; tout ou presque change. Les yeux deviennent un regard, le regard devient un instant, l'instant devient un piège et le piège se doit d'être retranscrit sur cette même page blanche à laquelle je n'ose pas faire face.



J'ajourne une rencontre avec mes vieux démons: écrire nécessite du silence et de la solitude. Pour écrire, il faut se poser seule, et laisser cette solitude se poser sur les autres, les choses, l'ici et l'ailleurs. Il faut se détacher des joies, des rires et des sourires.  Les textes des gens heureux sont souvent insipides, ils ne sondent pas les recoins des âmes encore moins les méandres des cœurs de l'Homme.

Depuis un moment, j'ajourne ce face à face avec les mots. Je contourne leurs nuances, leur dangereuse capacité à dévoiler le chemin de mon jardin secret. Ces mots peuvent, en un jet, vomir ce que je me préserve d'être, ce que je m'interdis de faire ou de dire.

Je n'écris plus ... depuis un moment ... l'écriture me triture, me fatigue, les mots semblent provenir de mes douleurs tues, cachées . Ecrire devient un exercice périlleux pour ma petite vie rangée. Je n'ai plus le temps de me laisser prendre dans les filets de mon imaginaire débordant désormais dans un état liturgique.

J'ai déserté les bancs de l'écriture et je ne vais plus très bien; j'ai changé, je me transforme, je me métamorphose en un être sceptique, amer, nonchalant.
Mes phrases non retranscrites, se durcissent dans mes veines, mes artères sont bouchées. Le cœur ne palpite plus, il bat doucement, à croire que je suis dans un coma scriptural.  

 Par ces temps, écrire revient à être lapidée sur une  place publique. Ainsi, je mets très vite un terme à ma réflexion, laissant mon texte sur sa faim ...