lundi 26 septembre 2016

Du danger d'écrire ...


   

Depuis un moment, j'ajourne ce face à face avec la page blanche. Je n'ose  ni lui faire face, ni m'en détourner une bonne fois pour toute. Je suis prise en otage, de mots qui me hantent, qui façonnent mes rêves, mes cauchemars, mes moments, mes instants même les plus enfouis. Souvent, ces mots se dérogent de mon oubli volontaire, ils s'invitent comme ça , sans prévenir, sans s'être annoncés, modifiant le cours de mon existence.

 Ces mêmes mots se croient tout permis, ils triturent, ils raturent, ils corrigent, suppriment , ponctuent, tout et des fois rien. Quand les mots sont là; tout ou presque change. Les yeux deviennent un regard, le regard devient un instant, l'instant devient un piège et le piège se doit d'être retranscrit sur cette même page blanche à laquelle je n'ose pas faire face.



J'ajourne une rencontre avec mes vieux démons: écrire nécessite du silence et de la solitude. Pour écrire, il faut se poser seule, et laisser cette solitude se poser sur les autres, les choses, l'ici et l'ailleurs. Il faut se détacher des joies, des rires et des sourires.  Les textes des gens heureux sont souvent insipides, ils ne sondent pas les recoins des âmes encore moins les méandres des cœurs de l'Homme.

Depuis un moment, j'ajourne ce face à face avec les mots. Je contourne leurs nuances, leur dangereuse capacité à dévoiler le chemin de mon jardin secret. Ces mots peuvent, en un jet, vomir ce que je me préserve d'être, ce que je m'interdis de faire ou de dire.

Je n'écris plus ... depuis un moment ... l'écriture me triture, me fatigue, les mots semblent provenir de mes douleurs tues, cachées . Ecrire devient un exercice périlleux pour ma petite vie rangée. Je n'ai plus le temps de me laisser prendre dans les filets de mon imaginaire débordant désormais dans un état liturgique.

J'ai déserté les bancs de l'écriture et je ne vais plus très bien; j'ai changé, je me transforme, je me métamorphose en un être sceptique, amer, nonchalant.
Mes phrases non retranscrites, se durcissent dans mes veines, mes artères sont bouchées. Le cœur ne palpite plus, il bat doucement, à croire que je suis dans un coma scriptural.  

 Par ces temps, écrire revient à être lapidée sur une  place publique. Ainsi, je mets très vite un terme à ma réflexion, laissant mon texte sur sa faim ... 

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